samedi 29 décembre 2012

Poésie de René Char

commune présence de René Char (Le marteau sans maître)
tu es pressé d'écrire comme si tu étais en retard sur la vie
s'il en est ainsi
fais cortège à tes sources
hâte-toi
hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
effectivement tu es en retard sur la vie
la vie inexprimable
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
au bout de combats sans merci
hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière
si tu rencontres la mort durant ton labeur
reçois-la comme la nuque en sueur
trouve bon le mouchoir aride
en t'inclinant
si tu veux rire
offre ta soumission
jamais tes armes
tu as été créé pour des moments peu communs
modifie-toi disparais sans regret au gré de la rigueur suave
quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
sans interruption
sans égarement

essaime la poussière
nul ne décèlera votre union.

HOMMAGE QUÉBÉCOIS À RENÉ CHAR (1907-1988) RENÉ CHAR FRATERNITÉ ET HÉRITAGE LITTÉRAIRES
 Jean-Guy Pilon et René Char

"Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver."
René Char
Né en 1907 à L’Isle-sur-la-Sorgue (France), René Char adhère au mouvement surréaliste en 1929, et en 1934, publie dans le recueil Le Marteau sans maître ses premiers poèmes d’influence surréaliste. Sous le nom de guerre de capitaine Alexandre, il s’engage dès 1941 dans la Résistance. Fureur et mystère, publié en 1948, regroupe les écrits de cette période de combat. Char collabore régulièrement avec des artistes et réalise de nombreux ouvrages illustrés. En 1983, ses Œuvres complètes sont éditées dans la Pléiade. Il meurt le 19 février 1988 à Paris et son dernier recueil, Éloge d’une Soupçonnée, est publié en mai 1988. On fête en 2007 le centenaire de sa naissance. Peu de gens connaissent les liens de René Char avec le Québec, concrétisés par son amitié avec le poète québécois Jean-Guy Pilon, avec lequel il a entretenu une correspondance fournie. Ce qu’il faut savoir aussi c’est l’importance, encore aujourd’hui, de l’œuvre de Char pour de nombreux jeunes écrivains et éditeurs québécois. Le dialogue initié il y a des décennies est toujours vivant. L’œuvre a survécu à l’homme, ici comme ailleurs.
Pour cette fin d'année, un peu de poésie...

                                            « Petites annonces » de Michel Butor




1 Recherche ange voyageur pour liaison stable 

2 Propose incendies calibrés 
3 Offre métamorphose en toute espèce animale, retour à l’humain garanti 
4 Vend mèches toutes nuances 
5 Achète ruines ébauches et soupirs 
6 Loue temps perdu 
7 Donne le la 
8 Leçons de maintien en haute altitude 
9 Héberge échappés de poubelles 
10 Marie les cieux avec l’enfer

samedi 21 avril 2012

Bienvenue sur mon blog, baptisé Bivouacs sous la lune, en référence à un titre de l'oeuvre de Frison-Roche. 

Il sera un lieu de partage entre deux passions qui me nourrissent : la littérature et le voyage.

Ce titre a été choisi pour évoquer un espace à part, un lieu retiré mais bien réel : le désert
qui peut être le lieu du silence, de la concentration et donc de la lecture. 
un lieu où on retrouve l'horizontalité, après la verticalité de nos villes, de nos buildings...

Je voudrais assimiler la lecture au bivouac. Le bivouac est un campement rudimentaire permettant de passer la nuit en pleine nature. C'est le mode d'hébergement des peuples itinérants, nomades... 
Bivouaquer, c'est s'accorder la pause après une longue marche le désert... désert de nos vies, désert de nos villes, happées par le bruit, le mouvement permanents. 





Pour nous occidentaux, le bivouac est souvent un mode de voyage extrême, aventureux, permettant d'explorer des lieux insolites et très divers. C'est ainsi que je conçois la lecture. Comme une halte, durant laquelle je vais pouvoir explorer un nouvel univers. 

Le temps du bivouac sera la pause qui permettra au corps et à l'esprit de s'arrêter avant de reprendre son chemin. 

Le bivouac sous la lune évoque le temps de la lecture, souvent nocturne,  placée sous la lumière particulière, parfois mystérieuse, de la lune.