vendredi 3 février 2017

En ce début d'année, je souhaite vous parler de mes lectures actuelles. Je suis dans la période "littérature autour de la question amérindienne". 

A l'occasion de la sortie de la suite de Mille femmes blanches , j'ai commencé par lire ce premier opus de Jim Fergus. Cet auteur américain s'est glissé dans la peau et je dirais, a prêté ses talents d'écriture à son personnage féminin, May Dodd afin de nous entraîner dans une aventure à la fois physique et spirituelle. Mille femmes blanches est le journal d'une femme d'exception, femme blanche enfermée à tort dans un asile aux abords de Chicago en 1874, qui décide d'être volontaire pour le programme FBI, fruit de l'accord entre le chef indien Little Wolf et le président Grant. Jim Fergus a imaginé que le chef indien avait proposé un échange de 1000 chevaux contre 1000 femmes blanches. Ces femmes destinées à devenir les épouses des indiens contribueraient ainsi à l'avénement d'une génération d'hommes métissés et permettraient l'intégration du peuple indien au sein de la civilisation. Grâce à l'humour et à la force de cette anti-conformiste, nous découvrons le peuple cheyenne et sa culture et nous nous attachons aux indiens, qui malheureusement, connaissaient leurs dernières heures de liberté sur leurs terres ancestrales avant de devoir abdiquer face à l'homme blanc et rejoindre les fameuses réserves.

Je suis actuellement plongée dans la lecture de la suite que Jim Fergus a donné à son lectorat, des années plus tard. Il s'agit de La vengeance des mères. La roman se présente toujours comme un journal mais cette fois, il a été rédigé à quatre mains. Les auteurs sont deux soeurs jumelles irlandaises, amies de May Dodd, qui avaient aussi fait partie de l'épopée de Milles femmes blanches et qui racontent la suite de l'aventure. Jim Fergus avait donné à May un joli style, le style travaillé d'une femme d'un bon niveau social, ayant reçu une éducation et lisant Shakespeare. Dans cette suite, l'auteur prête sa plume en adoptant une voix très différente de celle de May, puisque ces deux soeurs jumelles, anciennes reprises de justice n'ont pas leur langue dans leur poche et écrivent comme elles parlent et jurent.

https://www.cherche-midi.com/livres/la-vengeance-des-meres

Autre ouvrage en littérature à signaler qui est arrivé à point nommé via un blog littéraire que je lis de temps à autre : 
Femme nue jouant Chopin. Il s'agit d'un recueil de nouvelles de Louise Erdrich, grande romancière américaine contemporaine que je ne connaissais pas. Je recommande la lecture de ce livre, car il permet d'aborder la puissance de son style, avec des images très fortes, très évocatrices et picturales. Les nouvelles sont souvent dérangeantes. Souvent, la chute surprend et laisse au lecteur une impression étrange. L'atmosphère très particulière des lieux (réserve amérindienne, grandes étendues du Minnesota et du Dakota) permet au lecteur d'entrer subtilement pour un temps à la suite des personnages. Les personnages sont des êtres souvent blessés par la vie mais le plus souvent assumant leur grande originalité dans leur rapport au monde, à l'art, à l'incarnation, dans leurs rapports aux autres (Femme nue jouant Chopin en est un bon exemple) sans s'encombrer du regard et de l'approbation des autres. En cela, ils m'ont rappelé le personnage de May Dodd, dans Mille femmes blanches, elle-même victime du conformisme de ses parents qui l'avaient fait enfermée en asile parce qu'elle avait choisi de vivre avec un homme de classe inférieure à la sienne.

http://www.albin-michel.fr/ouvrages/femme-nue-jouant-chopin-9782226312396

Enfin, pour compléter votre soif d'en apprendre plus sur les peuples amérindiens, je conseille de lire L'héritage sacré des amérindiens aux Editions Trédaniel; il s'agit d'un ouvrage pour le coup historique et permettant de comprendre mieux cette culture qui malheureusement s'éteint peu à peu, ravagée par le mode américain. Il a été écrit par Charles Eastman (Ohiyesa) qui fut le premier Amérindien à écrire sur la conception d’une vie entre deux mondes opposés : l’environnement traditionnel de ses ancêtres et le monde moderne industrialisé. Elevé selon les rites consacrés des Indiens Sioux, il a contribué à faire connaître les modes de vie et la philosophie des premiers peuples d’Amérique du Nord.
http://www.editions-tredaniel.com/lheritage-sacre-des-amerindiens-p-5227.html

samedi 29 décembre 2012

Poésie de René Char

commune présence de René Char (Le marteau sans maître)
tu es pressé d'écrire comme si tu étais en retard sur la vie
s'il en est ainsi
fais cortège à tes sources
hâte-toi
hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
effectivement tu es en retard sur la vie
la vie inexprimable
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
au bout de combats sans merci
hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière
si tu rencontres la mort durant ton labeur
reçois-la comme la nuque en sueur
trouve bon le mouchoir aride
en t'inclinant
si tu veux rire
offre ta soumission
jamais tes armes
tu as été créé pour des moments peu communs
modifie-toi disparais sans regret au gré de la rigueur suave
quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
sans interruption
sans égarement

essaime la poussière
nul ne décèlera votre union.

HOMMAGE QUÉBÉCOIS À RENÉ CHAR (1907-1988) RENÉ CHAR FRATERNITÉ ET HÉRITAGE LITTÉRAIRES
 Jean-Guy Pilon et René Char

"Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver."
René Char
Né en 1907 à L’Isle-sur-la-Sorgue (France), René Char adhère au mouvement surréaliste en 1929, et en 1934, publie dans le recueil Le Marteau sans maître ses premiers poèmes d’influence surréaliste. Sous le nom de guerre de capitaine Alexandre, il s’engage dès 1941 dans la Résistance. Fureur et mystère, publié en 1948, regroupe les écrits de cette période de combat. Char collabore régulièrement avec des artistes et réalise de nombreux ouvrages illustrés. En 1983, ses Œuvres complètes sont éditées dans la Pléiade. Il meurt le 19 février 1988 à Paris et son dernier recueil, Éloge d’une Soupçonnée, est publié en mai 1988. On fête en 2007 le centenaire de sa naissance. Peu de gens connaissent les liens de René Char avec le Québec, concrétisés par son amitié avec le poète québécois Jean-Guy Pilon, avec lequel il a entretenu une correspondance fournie. Ce qu’il faut savoir aussi c’est l’importance, encore aujourd’hui, de l’œuvre de Char pour de nombreux jeunes écrivains et éditeurs québécois. Le dialogue initié il y a des décennies est toujours vivant. L’œuvre a survécu à l’homme, ici comme ailleurs.
Pour cette fin d'année, un peu de poésie...

                                            « Petites annonces » de Michel Butor




1 Recherche ange voyageur pour liaison stable 

2 Propose incendies calibrés 
3 Offre métamorphose en toute espèce animale, retour à l’humain garanti 
4 Vend mèches toutes nuances 
5 Achète ruines ébauches et soupirs 
6 Loue temps perdu 
7 Donne le la 
8 Leçons de maintien en haute altitude 
9 Héberge échappés de poubelles 
10 Marie les cieux avec l’enfer

samedi 21 avril 2012

Bienvenue sur mon blog, baptisé Bivouacs sous la lune, en référence à un titre de l'oeuvre de Frison-Roche. 

Il sera un lieu de partage entre deux passions qui me nourrissent : la littérature et le voyage.

Ce titre a été choisi pour évoquer un espace à part, un lieu retiré mais bien réel : le désert
qui peut être le lieu du silence, de la concentration et donc de la lecture. 
un lieu où on retrouve l'horizontalité, après la verticalité de nos villes, de nos buildings...

Je voudrais assimiler la lecture au bivouac. Le bivouac est un campement rudimentaire permettant de passer la nuit en pleine nature. C'est le mode d'hébergement des peuples itinérants, nomades... 
Bivouaquer, c'est s'accorder la pause après une longue marche le désert... désert de nos vies, désert de nos villes, happées par le bruit, le mouvement permanents. 





Pour nous occidentaux, le bivouac est souvent un mode de voyage extrême, aventureux, permettant d'explorer des lieux insolites et très divers. C'est ainsi que je conçois la lecture. Comme une halte, durant laquelle je vais pouvoir explorer un nouvel univers. 

Le temps du bivouac sera la pause qui permettra au corps et à l'esprit de s'arrêter avant de reprendre son chemin. 

Le bivouac sous la lune évoque le temps de la lecture, souvent nocturne,  placée sous la lumière particulière, parfois mystérieuse, de la lune.